vendredi 26 décembre 2014

LA PAIX DE L'EMMANUEL



JOYEUX NOËL ET BONNE ANNÉE 2015 A VOUS TOUS!
« Je vous laisse  la paix, je vous ma  donne  paix » (Jn 14,27) .
La question de la paix traverse la Bible  d’un bout à l’autre.  Mais la réalité de la vie concrète pousse les  générations à s’interroger sur les rapports entre  la paix de Dieu et   la paix des hommes. Les hommes sont en recherche constante de la paix. Toutefois les trop nombreux conflits qui décorent l’histoire mondiale montrent bien que ces efforts semblent vains.
Il y a donc un réel problème. L’homme veut la paix, mais n’arrive jamais à l’obtenir (au moins durablement  et véritablement). Faut-il dire que l’homme procède  mal pour  la   rechercher ou la cherche- t- il  où elle n’est pas ?  Pourtant le Christ a dit : « je vous laisse la paix, je vous donne ma paix » (Jn 14,27). De quelle paix s’agissait-il  au milieu de  toutes  ces guerres en Syrie, en  Centre Afrique, en Irak, même en Jérusalem ; ville natale de Jésus ? Que dire de tous ces massacres des innocents en territoire de Beni au Nord-Kivu /RDC ?
Qu’est-ce que la paix
Selon l’encyclopédie catholicisme, le terme « paix »  regorge des  contenus très variés  au point qu’il conduit dans une ambivalence. Si  la définition la plus classique définit la paix comme tranquillité dans l’ordre et donc comme une réalité intérieure, la  « paix » porte aussi une connotation  dynamique. Elle est alors  une recherche d’un type de rapport entre humains, tendant à les réconcilier, à les unifier par une réelle fraternité et par l’amour[1]. De ce fait, la paix devient synonyme d’efforts, de lutte pour dépasser  les égoïsmes, les injustices, les conflits. Elle est donc une œuvre à réaliser[2].  Elle est un combat. Au lieu de mener la guerre, il ya lieu  de faire un combat pour la paix. La paix devient ainsi  une entreprise de conversion et de transformation du monde à la lumière de l’Evangile[3].
Christ, notre paix
Dans la nouvelle Alliance, le concept de  paix est toujours présenté en relation avec la personne du Christ et sa présence. Déjà à sa naissance Saint Luc présente  Jésus à la crèche comme facteur de paix par  ces termes : " Gloire à Dieu au plus haut des cieux et sur la terre paix aux hommes objets de sa complaisance !» (Lc. 2, 14).  Dans l’épitre aux Ephésiens  2, 13, Jésus est non seulement identifié à la paix, il y est présenté comme « notre paix ». Le Christ est « notre paix » parce que  dans  sa « chair » au moyen de « la croix », il  a  concrétisé  la réconciliation fondamentale et définitive entre Dieu et l’humanité[4]. 
La paix du Christ   c’est la loi de l’amour. Le Christ  est le premier à nous aimer. C’est  là le commandement  nouveau qu’il nous lègue. « Demeurez dans mon amour»( Cf. Jn 15, 9-15). Malheureusement  nous avons été infidèles  à  ce commandement et nous ne restituons  pas à Jésus  l’amour qu’il nous a donné. C’est dans le respect de ce   commandement   que  nous vivrons dans la paix du Christ: « aimez- vous les uns les autres.»( Jn 13,34).  De là suit la conséquence qu’à la division apparemment irrémédiable de l’humanité jusqu’alors dévorée par la « haine », va se substituer une  unité nouvelle fondée sur le Christ.

3.  Le péché comme obstacle à  la paix

Dieu est saint. Mais le  péché nous a séparé   de lui et a fait de nous ses ennemis  et des loups, des « bouchérs » pour  nos frères.  En péchant,  « c'est donc en lui-même que l'homme est divisé. Voici que toute la vie des hommes, individuelle et collective, se manifeste comme une lutte, combien dramatique, entre le bien et le mal, entre la lumière et les ténèbres. Bien plus, voici que l'homme se découvre incapable par lui-même de vaincre effectivement les assauts du mal; et ainsi chacun se sent comme chargé de chaînes. Mais le Seigneur en personne est venu pour restaurer l'homme dans sa liberté et sa force, le rénovant intérieurement et jetant dehors le prince de ce monde (cf. Jn 12,31), qui le retenait dans l'esclavage du péché. Quant au péché, il amoindrit l'homme lui-même en l'empêchant d'atteindre sa plénitude » (G.S. n°4).
Depuis ce  premier  péché, une véritable "invasion" du péché inonde le monde: le fratricide commis par Caïn sur Abel (cf. Gn 4,3-15); la corruption universelle à la suite du péché (cf. Gn 6,5 6,12 Rm 1,18-32); dans l'histoire d'Israël, le péché se manifeste fréquemment, surtout comme une infidélité au Dieu de l'Alliance et comme transgression de la Loi de Moïse; et même après la Rédemption du Christ, parmi les chrétiens, le péché se manifeste de nombreuses manières (cf. 1Co 1-6 ; Ap. 2-3).
La paix des hommes est- elle la paix de Dieu ?
La paix de Dieu et  la paix des hommes sont deux visées  bien différentes. La paix des hommes concerne les rapports entre les hommes dans le maintenant de l’histoire. Sa visée  est l’aménagement dans la justice et  dans la concorde  de la cité et la planète- terre. Elle est l’œuvre de l’homme. Face à des situations d’aliénation et d’exploitation, elle se formule en termes de libération sociopolitique.
La paix de Dieu se situe  sur le plan des  rapports  entre les hommes et Dieu. Proposée à l’humanité pécheresse, elle  est  fondamentalement réconciliation, puis amitié avec lui. Elle est d’abord œuvre de Dieu, signifiée et accomplie en Jésus Christ.   La paix  du Christ  dépasse  le pur ordre temporel ou politique. Elle est essentiellement religieuse. Cet  idéal se « concrétise dans  l’enseignement de Jésus par l’amour de l’ennemi, la non violence comme seule réponse à la violence »[5] ,  aimer les ennemis  pour en faire des frères dit Saint Augustin.  C’est ici que  le Christ dit lui-même : « Vous avez appris œil pour œil, dent pour dent. Mais moi je vous dis : aimez vos ennemis»(Mt 5, 44).
Le  Christ en nous donnant sa paix, nous offre  un parfait bonheur. Cette paix  est celle qui conduit à l’amour  mutuel : « Aimez-vous les uns  les autres » (Jn 14,).  Si nous pouvons être des frères, c’est uniquement par Jésus Christ et en Jésus Christ. Les hommes sont en état de guerre. Mais « Jésus Christ est notre paix ». En lui, l’humanité déchirée a retrouvé son unité. La paix des hommes ne peut  trouver son sens qu’en s’appuyant sur la paix de Dieu. Car, dit-il, « Sans moi  vous ne  pouvez rien faire» (Jn 15,5). Prions pour la conversion de nos bourreaux que, de leurs épées ils forgent des socs et de leurs lances des serpes.  (Ésaïe 2:4 ; Michée 4:3).
            Puisse le Prince de la paix qui est né parmi nous face de nous  des artisans de  paix, pour que :
Là où demeure la haine, que nous apportions l'amour.
Là demeure l'offense, que nous apportions le pardon.
Là où  demeure la discorde, que nous mettions l'unité.
Là où demeure l'erreur, que nous apportions la vérité.
Là où  demeure le désespoir, que nous  nous mettions l'espérance.

Frère MUMBERE MUPAYA Jacques a.a


[1] Cf . Commission Pontificale Justice et Paix, « La paix» in Encyclopédie  catholicisme , tome X, Paris, Latouzey, 1985,  col. 418.
2 Ibidem

[3] Cf . R. COSTE, « Paix messianique, paix des hommes »  in   Nouvelle Revue Théologique, Paris, Casterman, n° 95, 1973, p. 72O.
[4]  Ibidm, p.  63I .
[5]  Commission Pontificale Justice et Paix, Op. Cit., Col. 422.

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