mardi 9 décembre 2014

P. MORAND KLEIBER MERITE ETRE PARMI LES ANCETRES DE LA PROVINCE D'AFRIQUE



Le Père Benoît Gschwind, Provincial d’Europe des assomptionnistes,
sa communauté et sa famille,
vous font part du décès, dans sa quatre-vingt-treizième année, du
Père Morand KLEIBER, Augustin de l’Assomption
le 4 décembre 2014 à Albertville.
Ses obsèques seront célébrées le lundi 8 décembre à 15h00
en la chapelle de la communauté assomptionniste Notre-Dame des Vignes
300, rue Edouard Piquand 73200 ALBERTVILLE.
Le Père Morand Kleiber, aa. a été un grand formateur au scolasticat de Valpré, puis au Congo : Scolasticat Saint Augustin de Bulengera. La province d’Afrique le connait depuis 1983 où il est arrivé après son mandat de provincial de Lyon en France et deux années sabbatiques à New York et Boston. D’origine alsacienne il est né à Illfurth le 30/03/1922. Il entre à l’Assomption et fait sa première profession le 01/11/1941. Après son ordination le 02/03/1947 il a continué les études à l’Université de Lyon jusqu’à la maîtrise en philosophie en 1949 et en théologie en 1953. Selon ses propres préférences il a beaucoup plus été philosophe que théologien. Il a rendu service d’enseignement à Lyon, à Paris et dans les scolasticats de l’Assomption. Les années 80 comme les scolasticats assomptionnistes d’Europe se vidaient de plus en plus les enseignants assomptionnistes se tournent vers l’Afrique et le Madagascar. Morand est de ceux qui se sont investis au Scolasticat Saint Augustin de Bulengera qui n’était qu’en ses débuts.
Ici à l’ISEAB il a enseigné beaucoup de cours de philosophie à plusieurs générations de nos frères assomptionnistes. Dès son arrivée il a fait face à la crise de relations fraternelles qui a secoué le Scolasticat de Bulengera et toute la province. La confiance a fait défaut entre les jeunes assomptionnistes africains et nos frères missionnaires. L’avenir de l’Assomption africaine n’était pas encore convainquant. Le Père Morand a su jouer un très grand rôle d’un homme expérimenté en gestion des relations humaines comme quand il était encore provincial de Lyon. Il a sauvé le chapitre local qui venait de capoter après une révolte des africains qui menaçaient de quitter la congrégation. Alors que les responsables de l’époque allaient inconsciemment laisser glisser une certaine ségrégation dans la vie communautaire, le Père Morand n’a pris que la Règle de vie comme guide dans l’élaboration du chapitre local.
Chaque année, Morand est venu en Afrique pour ses enseignements, mais il en profitait pour combattre la ségrégation en rappelant la vie communautaire. Il s’insurgeait contre la séparation des réfectoires et des salons entre formés et formateurs. Il a enrichi la bibliothèque de Bulengera en amenant des ouvrages neufs, en abonnant la communauté à des revues scientifiques. Chaque année il venait avec des courants scientifiques à la une. Même dans sa vieillesse il enseignait pourtant des idées innovatrices avec son intérêt pour la révolution scientifique. Comme il est à l’aise en allemand et en français il a rendu accessibles et compréhensibles des matières aussi coriaces que la métaphysique, l’herméneutique, la phénoménologie… Les derniers jours de son séjour en Afrique, en dehors de l’auditoire il se plaignait des acouphènes (maladie de bourdonnement d’oreilles), mais en donnant cours il sautait comme une gazelle quand les jeunes lui entonnaient ses chants fétiches de « Vivuya vingaha » ou « Zaiko ». La vieillesse ne compte plus dès qu’il entre à l’auditoire.
A côté des enseignements il s’est intéressé aux actions sociales. Alors qu’il apprenait encore le kiswahili mais lisait déjà bien, il ne manquait pas d’aller célébrer la messe des « watoto » dans les paroisses qu’il fréquentait, surtout Kyondo. Il était content de visiter les enfants orphelins. Il en a profité pour intervenir par des actions ponctuelles ou des financements de certaines activités de l’orphelinat. Il a progressivement développé une sensibilité à la misère de la population. Jusqu’à sa mort il a tenu à cœur la prise en charge des personnes du troisième âge et des diabétiques au centre médico-diététique qui porte aujourd’hui son nom au quartier Kavitero. La même préoccupation, il l’a manifestée à l’ADL-Assomption.
Le Père Morand Kleiber a formé des jeunes et aidé des vulnérables. Nous confirmons le témoignage du provincial d’Europe quand il dit : « En Afrique, le père Morand a formé des générations de philosophes. A Albertville, il aimait dire qu'il passait sa journée en Afrique en développant son réseau de bienfaiteurs, et que le soir après une journée bien remplie, il dormait en Savoie. La province d'Afrique et toute la congrégation lui doivent beaucoup ». Il demeure vivant pour toujours dans les cœurs de ceux qu’il a aimés et assistés jusqu’au bout. Les premières générations de l’Assomption africaine sont marquées par son modèle d’enseignant infatigable et d’homme de communauté. La province d’Afrique rend grâce à Dieu pour ce qu’il a été pour nous tous. Maintenant qu’il repose en paix, nous le comptons parmi nos ancêtres.

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