La
mission de paix des Evêques de la CENCO[1] et
l’ACEAC[2] dans
la Paroisse de Mbau
La délégation des Evêques de la CENCO et de l’ACEAC séjourne en Diocèse de Butembo-Beni depuis vendredi 15 janvier 2021. Dès la descente de l’Avion sur l’aéroport de Mavivi, les Prélats ont effectué une visite éclair dans les villages Mbau, Oïcha, Kisiki et Maimoya qui sont parmi les villages meurtris par les massacres en grande échelle de la population. Après cette visite significative, ils ont célébrés avec les fidèles de Beni une messe de compassion sur l’esplanade de la paroisse Sainte Thérèse d’Avila de Beni-Cité le dimanche 17 janvier 2021. Ce lundi 18 janvier, la délégation s’est scindée en deux pour célébrer simultanément les messes à la cathédrale de Beni-Paida et dans l’église paroissiale de Mbau. Nous revenons ici sur la messe dite à Mbau.
A
6h52 minutes, la délégation des Evêques conduite par son Excellence Mgr
l’Evêque du Diocèse de Butembo-Beni est arrivée à Mbau. Elle était constituée
principalement de son Excellence Mgr José MOKO EKANGA, Vice-Président de la
CENCO, Mr l’Abbé Jean-Pierre BADIDIKE, Secrétaire de l’ACEAC, Mr l’Abbé Henri
CHIZA délégué de l’Evêque de Goma, Mme Lydie Waridi, chargée de communication et
des agents de sécurité. Le Pasteur du diocèse de Butembo-Beni a présidé à
l’Eucharistie chantée par la chorale Sacré-Cœur des Charismatiques.
Dans son homélie, Mgr José Moko Ekanga, Evêque d’Idiofa-Bandundu a intitulé leur mission en diocèse de Butembo-Beni d’une « mission de paix ». En ce sens, « si nous avons choisi de revenir prier avec vous dans cette paroisse, c’est pour vous manifester notre compassion pour l’enlèvement de vos pasteurs depuis 8 ans maintenant » a-t-il renchéri. En effet, trois pères assomptionnistes ont été kidnappés dans cette paroisse le 19 octobre 2012 et deux Abbés dans la paroisse de Bunyuka il y a 3 ans. Beaucoup de gens sont massacrés et d’autres kidnappés en territoire de Beni. De ce fait, le prédicateur a alors compatie avec les fidèles de Mbau en invitant ceux-ci à ne jamais oublier leurs pasteurs portés disparus. Dans notre culture, disait-il, l’on sait visiter les prisonniers dans leur lieu de détention et les morts sur leur lieu de sépulture. Hélas, il n’en est pas le cas pour nos prêtres dont nous ne savons ni le sort actuel, encore moins le lieu où ils se retrouveraient. Nous ne savons pas leur rendre hommage. C’est cette peine que nous venons offrir au Seigneur dans cette célébration eucharistique. Ne les oublions pas, a-t-il supplié.
L’Eglise
ne peut pas venger par des armes de guerre la violence infligée à nos frères.
Elle nous convie à offrir notre souffrance au Christ, Grand-prêtre qui porte
sur lui toutes nos souffrances pour les offrir à son Père. Il nous a créés
libres et heureux. Voilà pourquoi, le Christ lui-même souffre avec nous dans
cette misère dans laquelle nous ployons, a déduit Mgr José Moko. Offrons-lui
notre souffrance car il est l’Alpha et l’Oméga. Il nous en délivrera. Car il a
vaincu la mort, par conséquent, la souffrance.
En
poursuivant, Mgr José Moko a indiqué que la CENCO se préoccupe beaucoup de la
souffrance de la population de l’Est. Il a rappelé que toutes les fois que Mgr
Sikuli Melchisédech arrive à Kinshasa pour les réunions de la CENCO, tous les
Evêques restent suspendus à se lèvres pour écouter le calvaire qu’endurent les
fidèles de l’Est de la RD Congo. A en croire le prélat d’Idiofa, la CENCO ne
cesse de dénoncer le mal auprès des politiques. Ceux qui lisent nos lettres de
la CENCO, a-t-il souligné, peuvent en témoigner. Nous allons jusqu’à rencontrer
les présidents pour leur parler de l’insécurité à l’Est de la RD Congo. Nous
sommes venus en mission conjointe avec l’ACEAC pour palper du doigt la
souffrance que vous endurez depuis plus d’une décennie. Nous transmettrons
votre peine aux Evêques de la CENCO et aux dirigeants politico-administratifs.
Nous souhaiterions que votre message soit relayé par les moyens de
communication jusqu’à être entendu par des instances compétentes.
Dans
votre lutte pour la paix, confiait Mgr José Moko aux fidèles de Mbau, soyez
toujours des hommes de prière. Car, expliquait-il, la prière est comme une
corde qui relie les humains à Dieu. Elle demeure notre arme pour vaincre les
forces du mal qui ruinent la société. L’Eglise ne détient pas d’armes de guerre
contre les assauts de l’adversaire. La prière en est une qui soit efficace pour
une lutte non violente. Elle va jusqu’à viser la conversion du bourreau. Dans
cette considération, le pasteur du d’Idiofa a appelé les fidèles à prier
inlassablement afin que Dieu touche les cœurs de ceux qui vous persécutent. En
priant pour vos Pères et Abbés portés disparus, priez aussi pour la conversion
de leurs ravisseurs. Vous êtes témoins des effets de la prière dans votre vie. Vous
avez vu des malades être délivrés de leur tourment par la force de la prière.
Croyez donc à la force agissante de Dieu à travers votre insistance dans la
prière.
Au nom de la CENCO et de l’ACEAC, disait-il, je présente mes compassions à Mgr Sikuli Melchisédech, Evêque et pasteur de ce diocèse aux prises avec les massacres de la paisible population. Lui, dont certains des ministres ont été victimes de la barbarie. Mgr José Moko a également présenté ses sympathies aux pères Assomptionnistes et les a félicités pour avoir accepté de poursuivre la mission pastorale dans cette paroisse de Mbau où certains de leurs ont été enlevés. Je pensais que ces pères avaient été kidnappés loin dans la forêt. Je suis surpris de voir que c’était dans une communauté en pleine cité, s’est-il exclamé ! En concluant son homélie, Mgr José Moko s’est adressé aux fidèles et les a encouragé à persévérer dans la prière. Je prie aussi pour vous, mes chers frères et sœurs, a-t-il dit. Il leur a demandé de prier aussi pour lui et pour toute la délégation venue pour la mission de paix dans le diocèse de Butembo-Beni afin que l’objectif soit atteint.
Après le chant d’action de grâce, le Curé de la paroisse Notre Dame des pauvres de Mbau, le Père Dominique Kalipi a souhaité, au nom de ses fidèles, la bienvenue aux hôtes et a peint le tableau sombre de la tragédie qui sévit dans la zone pastorale nord. Il s’en est suivi le mot du Supérieur Provincial des Augustins de l’Assomption, le Révérend Père Yves Kaghoma qui est arrivé le matin sur place pour l’accueil des mêmes hôtes. Le chef de secteur de Mbau, Mr Lumande a également pris la parole au nom de citoyens de sa juridiction pour accueillir la délégation, la féliciter pour avoir bravé la peur jusqu’à venir palper du doigt la souffrance qu’endure la population de Mbau dans ce triangle de la mort. Son excellence Mgr Sikuli Melchisédech, Pasteur du diocèse de Butembo-Beni a alors conclu la série des discours en invitant les fidèles de Mbau à rester ferme dans la foi au Christ ressuscité. Il est confiant que seul Dieu mettra fin au mal qui gangrène notre société. Tous les locuteurs ont alors exhorté les prélats à porter aux autorités gouvernementales la peine de la population de Mbau et ses environs en vue de la restauration de la paix.
La
célébration eucharistique est allée se conclure sur le lieu de mémoire aux
trois prêtres portés disparus. Il s’agit du lieu où la « Dynamique Bana Mbau » avait planté
trois arbres dont chacun porte les noms des Pères : Jean-Pierre Ndulani,
Anselme Wasukundi et Edmond Kisughu. Les Evêques ont alors béni ces arbres
plantés depuis le 19 octobre 2020, à l’occasion du huitième anniversaire de
leur kidnapping. Au terme, un petit
verre de rafraîchissement a été partagé avant le retour de la délégation à
Beni.
La
Rédaction