Je suis encore
ému pendant que j’écris ces quelques phrases. Et je pense que c’est normal que
l’émotion nous emballe et nous bouleverse lorsque nous nous séparons
physiquement des êtres chers, des êtres qui ont marqué notre vie. J’aurai bien
voulu que ces mots ou ces écrits soient prononcés de vives voix, que ces écrits
deviennent paroles et expriment l’amour qui nourrissait nos relations avec
Louise. Mais, les circonstances, le temps et l’espace ne le permettront pas.
Cela me demandera un acte de foi.
La mort de
Louise m’amène à toucher à la finitude des êtres humains, ma propre finitude.
Voilà, elle est morte ! Je suis resté bouche bée, désarmé, abasourdi,
affaibli. Je me disais : donc rien à faire ! Et il semble qu’il est tout à
fait plausible que les hommes et les femmes s’interrogent sur ce que nous
réserve «demain». Il est aussi normal que les amies et amis de Louise, dont moi
en particulier, s’inquiètent de la vie après aujourd’hui surtout après cet échec. Qu’adviendrait-il, mon Dieu ! Tout l’imaginaire s’écroule. Mon amie
est morte ! Je l’ai vu il y a une année (juillet-août 2012) quand j’étais en
vacances à Beni en République Démocratique du Congo. Nous avions passé toute
une journée ensemble. On avait vraiment ri ! On se racontait les aventures de
la mission, les souvenirs de l’Inter-noviciat à la Maison Lwanga (2003-2004),
etc. Quelle histoire ? Nous sommes allé visiter les enfants orphelins à Païda ensemble. Que dire encore ? Personne ne pourrait prédire que c’était la dernière fois
qu’on se regardait dans les yeux. C’est exact, j’ai gémi, pleuré sans pouvoir me
consoler: cette histoire est
triste…
Toutefois, les
rêves – les vrais – sont parfois les derniers à mourir. Un souci du lendemain
heureux nous est inhérent. Et c’est ce souci qui résonne en sourdine dans ces
mots et cette voix de lamentation. C’est un souci qui s’inscrit dans un acte de
foi, car personne ne pourrait prédire ce qui se passera demain comme si nous
étions des prophètes. Demain nous échappera toujours. Ainsi, la mort de Louise
nous signale et nous excite à tenir notre chemin d’espérance, qui fut réalisé
par le Christ : né, mort et ressuscité.
Finalement rien
ne m’empêche à croire à la vie, mais aussi à l’intercession de Louise pour
nous auprès du Père. Sœur Louise, je t’en prie intercéder aussi pour le Congo,
qui vit aujourd’hui les moments les plus décourageants de son histoire. Elle
intercède encore pour la libération des otages qui sont restés sans
nouvelles : je pense à Jean-Pierre, Anselme et Edmond. Sr. Louise, repose-toi
en paix en compagnie de nos frères qui ont précédés : Magloire, Kanzalia
et les autres.