JOYEUX NOËL ET BONNE ANNÉE 2015 A VOUS TOUS!
La question de la paix
traverse la Bible d’un bout à
l’autre. Mais la réalité de la vie
concrète pousse les générations à
s’interroger sur les rapports entre la
paix de Dieu et la paix des hommes.
Les hommes sont en recherche constante de la paix.
Toutefois les trop nombreux conflits qui décorent l’histoire mondiale montrent
bien que ces efforts semblent vains.
Il y a donc un réel
problème. L’homme veut la paix, mais n’arrive jamais à l’obtenir (au moins
durablement et véritablement). Faut-il dire que l’homme procède mal pour
la rechercher ou la cherche- t-
il où elle n’est pas ? Pourtant le Christ a dit : « je
vous laisse la paix, je vous donne ma paix » (Jn 14,27). De quelle paix
s’agissait-il au milieu de
toutes ces guerres en Syrie,
en Centre Afrique, en Irak, même en
Jérusalem ; ville natale de Jésus ? Que dire de tous ces massacres
des innocents en territoire de Beni au Nord-Kivu /RDC ?
Qu’est-ce que la paix
Selon l’encyclopédie catholicisme, le terme « paix » regorge des
contenus très variés au point
qu’il conduit dans une ambivalence. Si
la définition la plus classique définit la paix comme tranquillité dans
l’ordre et donc comme une réalité intérieure, la « paix » porte aussi une connotation dynamique. Elle est alors une recherche d’un type de rapport entre
humains, tendant à les réconcilier, à les unifier par une réelle fraternité et
par l’amour[1].
De ce fait, la paix devient synonyme d’efforts, de lutte pour dépasser les égoïsmes, les injustices, les conflits.
Elle est donc une œuvre à réaliser[2]. Elle est un combat. Au lieu de mener la
guerre, il ya lieu de faire un combat
pour la paix. La paix devient ainsi une
entreprise de conversion et de transformation du monde à la lumière de
l’Evangile[3].
Christ, notre paix
Dans la nouvelle Alliance, le concept
de paix est toujours présenté en
relation avec la personne du Christ et sa présence. Déjà à sa naissance Saint
Luc présente Jésus à la crèche comme
facteur de paix par ces termes : "
Gloire à Dieu au plus haut des cieux et sur la terre paix aux hommes objets de
sa complaisance !» (Lc. 2, 14). Dans
l’épitre aux Ephésiens 2, 13, Jésus est
non seulement identifié à la paix, il y est présenté comme « notre
paix ». Le Christ est « notre paix » parce que dans
sa « chair » au moyen de « la croix », il a
concrétisé la réconciliation
fondamentale et définitive entre Dieu et l’humanité[4].
La paix du Christ c’est la loi de l’amour. Le Christ est le premier à nous aimer. C’est là le commandement nouveau qu’il nous
lègue. « Demeurez dans mon amour»( Cf. Jn 15, 9-15).
Malheureusement nous avons été
infidèles à ce commandement et nous ne restituons pas à Jésus l’amour qu’il nous a donné. C’est dans le respect
de ce commandement que
nous vivrons dans la paix du Christ: « aimez- vous les uns les
autres.»( Jn 13,34). De là suit la
conséquence qu’à la division apparemment irrémédiable de l’humanité jusqu’alors
dévorée par la « haine », va se substituer une unité nouvelle fondée sur le Christ.
3. Le péché comme obstacle à la paix
Dieu est saint. Mais le péché nous a séparé de lui et a fait de nous ses ennemis et des loups, des « bouchérs »
pour nos frères. En péchant,
« c'est donc en lui-même que l'homme est divisé. Voici que toute la
vie des hommes, individuelle et collective, se manifeste comme une lutte,
combien dramatique, entre le bien et le mal, entre la lumière et les ténèbres.
Bien plus, voici que l'homme se découvre incapable par lui-même de vaincre
effectivement les assauts du mal; et ainsi chacun se sent comme chargé de
chaînes. Mais le Seigneur en personne est venu pour restaurer l'homme dans sa
liberté et sa force, le rénovant intérieurement et jetant dehors le prince de
ce monde (cf. Jn 12,31), qui le retenait dans l'esclavage du péché. Quant au
péché, il amoindrit l'homme lui-même en l'empêchant d'atteindre sa
plénitude » (G.S. n°4).
Depuis ce premier
péché, une véritable "invasion" du péché inonde le monde: le fratricide
commis par Caïn sur Abel (cf. Gn 4,3-15); la corruption universelle à la suite
du péché (cf. Gn 6,5 6,12 Rm 1,18-32); dans l'histoire d'Israël, le péché se
manifeste fréquemment, surtout comme une infidélité au Dieu de l'Alliance et
comme transgression de la Loi de Moïse; et même après la Rédemption du Christ,
parmi les chrétiens, le péché se manifeste de nombreuses manières (cf. 1Co
1-6 ; Ap. 2-3).
La paix des hommes est- elle la paix de Dieu ?
La paix de Dieu et la paix des hommes sont deux visées bien différentes. La paix des hommes concerne
les rapports entre les hommes dans le maintenant de l’histoire. Sa visée est l’aménagement dans la justice et dans la concorde de la cité et la planète- terre. Elle est
l’œuvre de l’homme. Face à des situations d’aliénation et d’exploitation, elle
se formule en termes de libération sociopolitique.
La paix de
Dieu se situe sur le plan des rapports
entre les hommes et Dieu. Proposée à l’humanité pécheresse, elle est
fondamentalement réconciliation, puis amitié avec lui. Elle est d’abord
œuvre de Dieu, signifiée et accomplie en Jésus Christ. La paix
du Christ dépasse le pur ordre temporel ou politique. Elle est
essentiellement religieuse. Cet idéal se
« concrétise dans l’enseignement de
Jésus par l’amour de l’ennemi, la non violence comme seule réponse à la
violence »[5] , aimer les ennemis pour en faire des frères dit Saint Augustin. C’est ici que
le Christ dit lui-même : « Vous avez appris œil pour œil,
dent pour dent. Mais moi je vous dis : aimez vos ennemis»(Mt 5, 44).
Le Christ en nous donnant sa paix, nous
offre un parfait bonheur. Cette
paix est celle qui conduit à
l’amour mutuel : « Aimez-vous
les uns les autres » (Jn 14,). Si nous pouvons être des frères, c’est
uniquement par Jésus Christ et en Jésus Christ. Les hommes sont en état de
guerre. Mais « Jésus Christ est notre paix ». En lui, l’humanité
déchirée a retrouvé son unité. La paix des hommes ne peut trouver son sens qu’en s’appuyant sur la paix
de Dieu. Car, dit-il, « Sans moi vous ne
pouvez rien faire» (Jn 15,5). Prions pour la conversion de nos bourreaux
que, de leurs épées ils
forgent des socs et de leurs lances des serpes. (Ésaïe 2:4 ; Michée 4:3).
Puisse le Prince de la paix qui est
né parmi nous face de nous des artisans
de paix, pour que :
Là où demeure la haine, que nous
apportions l'amour.
Là demeure l'offense, que nous
apportions le pardon.
Là où demeure la discorde, que nous mettions
l'unité.
Là où demeure l'erreur, que nous
apportions la vérité.
Là où demeure le désespoir, que nous nous mettions l'espérance.
Frère MUMBERE MUPAYA Jacques a.a
[1]
Cf . Commission Pontificale Justice et Paix, « La paix» in Encyclopédie
catholicisme , tome X,
Paris, Latouzey, 1985, col. 418.
2 Ibidem
[3]
Cf . R. COSTE, « Paix
messianique, paix des hommes »
in Nouvelle Revue Théologique, Paris, Casterman, n° 95,
1973, p. 72O.
[5] Commission
Pontificale Justice et Paix, Op. Cit., Col. 422.